Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rejetter les moyens humains, ni mespriser ce surcroist de raison, & ce plus grand esclaircissement de verité, qui se tire de la Conference.

Reconnoissons l’imperfection de l’Homme, separé de l’Homme, & l’avantage qu’a la Societé, sur la Solitude. Puisque l’Amy de Dieu, & le Conducteur du Peuple de Dieu, bien qu’une Nuée miraculeuse marchast le jour devant luy ; bien que la nuit une Colonne de feu fist la mesme chose, & qu’elles se posassent au lieu où il falloit camper, ne laissa pas de prendre un Guide, pour s’en servir aux autres difficultez qui pouvoient survenir en son voyage ; y aura-t’il quelqu’un, apres cela, qui ne demande des guides, & qui ne cherche des aides ? Qui se fiera de telle sorte aux avantages de sa naissance ? qui s’endormira si negligemment sur les faveurs qu’il attend du Ciel, que de s’imaginer que l’assistance d’autruy luy soit inutile, que de croire que sa seule fortune, & sa seule sagesse luy suffisent, pour bien gouverner, & pour bien conduire ?