Page:De Balzac - Aristippe, ou De la Cour, 1658.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui a esté selon le cœur de Dieu, luy demande, en termes expres, & dans la ferveur de ses plus ardentes prieres, qu’il le nettoye des choses cachées ; qu’il le delivre des pechez d’autruy. Ce dernier mot ne veut-il pas dire que les Rois ne se doivent pas contenter d’une innocence personnelle, & particuliere ; qu’il ne leur sert de rien d’estre justes, s’ils se perdent par l’injustice de leurs Ministres ?

Et à ce propos, je ne veux pas oublier une saillie assez bonne, que fit, du temps de nos Peres, un Religieux Italien, preschant devant un Prince du mesme païs. Estant au milieu de son Sermon, où il avoit traitté du devoir des Souverains ; & s’ennuyant de demeurer trop long temps, dans la These generale, il en sortit tout d’un coup, par ces paroles, qu’il adressa à celuy qui l’escoutoit.

« J’ay eu, luy dit-il Monseigneur, une estrange vision la nuit passée. Il m’a sem-