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luy, toutes les graces que luy demandoient les autres : Le plus qu’il pouvoit, c’estoit de recommander ses Serviteurs à son Favori, & de faire office pour ceux qu’il aimoit. La belle chose que ce seroit, de voir un Courtisan, comme celuy-là, qui revoquast les Elections du Prince, & redonnast les Charges, que son Maistre auroit desja données ! La belle chose, s’il trouvoit mauvais que son Maistre voulust lire, une fois en sa vie, un papier, qu’il luy auroit presenté à signer ; s’il se plaignoit que c’est offenser sa fidelité, & oublier ses services !

Mais ce seroit bien une plus belle & plus excellente chose, si cét Homme qui regne, dans l’esprit du Prince, & qui commande souverainement à ses Sujets, obeïssoit luy-mesme à une Maistresse. Que seroit-ce, si l’Amour gouvernoit la Politique, & si la fortune de tout un Royaume estoit le joüet d’une Femme desbauchée ? Car il est vray que telles personnes se sont moquées estrangement de l’authorité des Loix,