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tat, il devient enfin un Mal necessaire, & dont le Prince ne se peut guerir, que par un remede dangereux.

De cette façon en pleine paix, estant bien avec tous ses Voisins ; ne paroissant aucun Ennemi estranger, sur la Frontiere, sans avoir donné un coup d’espée, ni s’estre hazardé plus loin que du Palais à la Ruë, il se voit miserablement tombé en la puissance d’autruy, qui est le pis qui luy pourroit arriver, apres la perte d’une Bataille. Le moment malheureux auquel il a commencé d’aimer, & de croire plus qu’il ne faloit, l’a reduit à cette deplorable extremité. Et, à parler sainement, la Journée de Pavie ne fut pas si funeste à François premier, ni la prise de Rome à Clement septiesme. Car si leur disgrace fut grande, pour le moins elle ne fut pas volontaire : S’ils perdirent leur liberté, ils conserverent, dans leur affliction, la grandeur de leur courage ; & s’ils furent faits prisonniers, ce fut d’un grand Empereur leur Ennemi, & non pas d’un de leurs