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une Ambassade ; et, en la place de tous tant qu’ils sont, le Courtisan ambitieux met des personnes à sa devotion, qui ne regardent jamais au delà de leur Bienfaiteur, & s’arrestent à la plus proche cause de leur fortune.

Ainsi le pauvre Prince demeure à la merci, & à la discretion de son Favori, ne jette pas un souspir, dont un Espion ne luy rende conte, ne profere pas une parole, qui ne luy soit rapportée. Si bien qu’au milieu de la Cour, il est dans les ennuis de la Solitude. Il ne voit plus rien à l’entour de sa Personne, qui soit de sa connoissance, & n’a pas une oreille fidele, à qui il puisse dire, Je souffre. Mais aussi il est engagé si avant, qu’il n’y a point de moyen de s’en desdire. L’autre luy a rendu tout le Monde, ou ennemi, ou suspect, afin qu’il ne se puisse fier qu’en luy. Par une longue possession des affaires, dont il n’a fait part à personne, n’y ayant plus que luy seul qui les entende, & qui connoisse l’Es-