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ces qui se joüoient par toute l’Europe : Aristippe nous faisoit les Argumens de celles qui se devoient joüer, & sa Prudence tant acquise que naturelle, sçachant tout le Passé & tout le Present, nous apprenoit encore quelques nouvelles de l’Avenir. J’estois attaché à sa bouche, depuis le commencement de la Conversation jusques à la fin, & je l’escoutois avec une attention si peu divertie, qu’il ne m’eschapoit pas un seul mot de ce qu’il disoit. Mais pour faire place à ce qu’il devoit dire le lendemain ; estant retiré en ma chambre, j’escrivois le soir les Discours que j’avois oüis l’apresdinée, & me déchargeois sur le papier, d’un fardeau de perles & de diamans, comme les appelloit le bon Monsieur Coeffeteau, à qui je les communiquois tous les matins.

En ce temps-là, j’avois autant de sujet de me louer de la fidelité de ma memoire, que j’ay raison de me plaindre des supercheries, qu’elle me fait aujourd’huy. Seneque le Pere conte des miracles de la sienne,