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en disant qu’il ne veut pas opiner. Il se descharge de l’envie du meurtre, par le biais dont il se sert, pour en faire la proposition. Il defere son Ennemy, en evitant le nom odieux d’Accusateur. Achevant de le destruire, luy donnant le dernier coup, il dissimule encore sa haine ; il fait encore le bon, & le pitoyable.

Mais avec tout cela, il a si grand’peur qu’il ne meure pas, & que la Ligue soit la plus forte, qu’apres avoir jetté, ou Philippe, ou Alexandre, dans des resolutions extremes, il fait joüer un autre jeu de l’autre costé. Il avertit Celuy qu’il a entrepris de ruïner, « qu’il n’y a plus de moyen de le servir au Palais, contre une infinité d’Ennemis secrets, qui luy rendent de mauvais offices : Que pour luy, il ne connoist plus le Present, & ne sçait que penser de l’Avenir, voyant le Prince dans des humeurs si estranges, & si eloignées de la premiere douceur de son Naturel ; Qu’il estime heureux ceux qui sont retirez, en leur Maison, & qui ont quitté une Cour, où