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l’un ne fust bon Serviteur de Soliman, & l’autre de Charles : mais ils avoient besoin l’un de l’autre, pour faire valoir leurs services, aupres de leurs Maistres, & pour bien garder la place qu’ils y tenoient. Le Turc loüoit le Chrestien, & en parloit comme du seul homme, qui luy donnoit de la peine : le Chrestien rendoit la pareille au Turc, par des paroles aussi obligeantes, & aussi avantageuses. Et un Esclave d’Alger dit, sur ce sujet, assez plaisamment au Vice-Roy de Sicile, que jamais un Corbeau ne creve les yeux à un autre Oyseau de son espece ; & que si Dorie estoit ruïné, Barberousse auroit peu de credit, à la Porte du Grand Seigneur ; comme aussi Dorie descendroit de plus d’un degré, à la Cour de l’Empereur, par la ruïne de Barberousse.

Ils s’aidoient donc, & se favorisoient reciproquement, dans la continüation de la Guerre, qui estoit leur Mestïer, & leur Affaire. Et puisque des Hommes ambitieux, par consequent qui aimoient l’hon-