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OV DE LA COVR.

donna auſſi le moyen de le conſiderer de plus prés.

Comme il eſtoit Prince qui aymoit les Lettres, il employoit les heures de ſon loiſir, & les interualles mesmes de ses maux, ou à lire les bons Liures, ou à s’entretenir, auec les Sçauans, qui les entendoient. Alors il y en auoit un prés de ſon Alteſſe, dont elle faiſoit vne eſtime particuliere, & qui en effet n’eſtoit pas vn homme commun. D’ordinaire elle l’appelloit Son Aristippe, & quelquefois son sage sçavant, pour expliquer le nom d’Aristippe, qu’elle luy auoit donné.

C’eſtoit un Gentilhomme de iugement exquis, & d’experience conſommée ; Catholique de Religion, François de naiſſance, & originaire d’Allemagne ; âgé de cinquante-cinq ans ou enuiron. Il auoit le don de plaire, & sçavoit l’art de perſuader. Il ſçauoit de plus, la vieille & la nouuelle Cour ; & ayant obserué dans pluſieurs voyages qu’il auoit faits, les mœurs & le naturel des Princes & de leurs Miniſtres,