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sente par tout à eux, comme à cet ancien Malade, sa propre figure, qu’il voyoit perpetuellement devant luy. Ils ne se peuvent separer des Affaires, pour les regarder, avec quelque liberté de jugement. Ils ne peuvent tirer de leur ame, leur raison toute simple, & toute pure, sans la mesler, dans leurs passions : De sorte qu’encore qu’ils descouvrent une Conjuration qui se forme, ils ne s’y opposent pas neantmoins, de peur d’offencer les Conjurez, & de laisser de puissans Ennemis à leurs Enfans. Ils n’ont pas le courage de proferer une verité hardie, si elle est tant soit peu dangereuse, à l’establissement de leur fortune, quoy qu’elle soit tres-importante, au service de leur Maistre.

Infirme & miserable Prudence ! Ils ne considerent pas qu’un Espion, qui donne des avis, ne nuit pas davantage qu’une Sentinelle qui ne dit mot ; & qu’ils sont aussi bien cause de la perte du Prince, par leur silence, que les autres, par leur trahison : Ils ne considerent pas que le lais-