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DÉCEMBRE 1769.

ni assez saillans ; celui d’Hélène, la Rosière, est le seul qui fasse plaisir, et soit nuancé de toutes ses couleurs. Il y a le rôle d’un régisseur qui veut éprouver les aspirantes au prix, et qui, contrastant par une gaieté peu honnête, a déplu généralement. Le jugement est ce qu’il y a de mieux : des trois concurrentes, l’une est déclarée sage par bêtise, l’autre par contrainte, et l’autre par goût et par réflexion. C’est celle qui remporte la couronne.

16. — M. l’abbé Riballier, docteur de Sorbonne, syndic de la Faculté de Théologie, si connu par ses démêlés avec messieurs Marmontel et Voltaire, est surtout célèbre par les sarcasmes dont ce dernier l’a criblé. Il a la vue très-mauvaise : un plaisant a supposé qu’il l’avait entièrement perdue en travaillant à la Censure de Bélisaire, et que, réduit à prendre un chien pour guide, il avait choisi celui de ce héros dans son malheur. En conséquence, on a gravé l’abbé Riballier conduit par l’animal, ayant au cou un collier, sur lequel on lit ces vers :


Passant, lisez sur mon collier
Ma décadence et ma misère :
J’étais le chien de Bélisaire,
Je suis le chien de Riballier[1].

21. — M. l’abbé Vatry, pensionnaire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, est mort le 16 de ce mois. Il était infirme depuis long-temps et la tête ne faisait plus ses fonctions. C’était un des plus savans hommes de l’Europe dans le grec, qu’il avait professé au Collège Royal.

  1. Cette épigramme est attribuée à Marmontel. — R.