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NOVEMBRE 1769.

qui préside à la police de Paris, à laquelle il donne sans cesse de nouveaux encouragemens : il est question d’un concert de cette espèce, affiché pour le mercredi 22 de ce mois, jour de Sainte-Cécile, patrone de la musique et des musiciens. M. Gaviniés est à la tête de cette sorte de souscription de talens ; et M. de Chabanon, de l’Académie des Belles-Lettres, mais plus renommé encore par son goût pour le violon, a composé un petit divertissement, dont il a fait les paroles et la musique, qu’il a consacré au profit de l’établissement nouveau. On ne doute pas que l’assemblée ne soit nombreuse et brillante, et que les grands seigneurs et les gens riches ne déploient en cette occasion toute leur magnificence.

‑ On vient de faire une plaisanterie, intitulée : Credo d’un amateur du théâtre. Elle roule sur quelques anecdotes, dont il faut être au fait et qui sont très-connues qui fréquentent les foyers, où cette facétie occasione surtout beaucoup de rumeur. Elle porte d’ailleurs sur M. de La Harpe, aujourd’hui compagnon travaillant sous le sieur Lacombe, entrepreneur du Mercure. Ce petit auteur s’est chargé de la partie littéraire, et principalement de celle du théâtre, dont il prononce les jugemens. Voici ce Credo.

« Je crois en Voltaire, le père tout-puissant, le créateur du théâtre et de la philosophie.

« Je crois en La Harpe, son fils unique, notre seigneur, qui a été conçu du Comte d’Essex[1], est né de Le Kain, a souffert sous M. de Sartine, a été mis à Bicêtre[2],

  1. Tragédie de Thomas Corneille. — R.
  2. La Harpe, soupçonné d’avoir composé des vers satiriques contre le principal du collège d’Harcourt, son bienfaiteur, fut renfermé à Bicêtre par ordre de M. de Sartine. Il fut, peu après, transféré au Fort-L’Évêque. Sa détention dura plusieurs mois. — R.