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MEMOIRES SECRETS.

l’assemblée des Comédiens, a été conseillé de le donner ici. Il s’est muni avant du suffrage des pages, qu’il a suppliés d’assister à une répétition, et qui ont merveilleusement soutenu sa pièce : en sorte qu’elle a été aux nues. Il paraît sur le théâtre un petit enfant en maillot. On craignait que cette innovation ne révoltât les gens délicats ; elle a produit le plus grand effet ; on a pleuré à chaudes larmes, et toute la cour veut voir la nouveauté. Il est à espérer pour le sieur Armand qu’on fera représenter sa comédie d’emblée au théâtre de Paris. »

23. — On a fait ces jours derniers l’épreuve d’une machine singulière qui, adaptée à un chariot, devait lui faire parcourir l’espace de deux lieues en une heure, sans chevaux : mais l’événement n’a pas répondu à ce qu’on promettait : elle n’a avancé que d’un quart de lieue en soixante minutes. Cette expérience s’est faite en présence de M. de Gribeauval, lieutenant-général, à l’arsenal.

25. — Le Tableau parlant, qu’on joue aux Italiens avec tant de succès, a allumé la bile d’un auteur satirique anonyme[1] : il vient de l’exhaler dans une Épître qu’il adresse à son digne ami, M. Nicolet. À cette occasion il fronde le mauvais goût du jour, il passe en revue une infinité de nos auteurs modernes, qu’il réduit à leur juste valeur. On a joint au texte des notes encore plus cruelles, et toute la littérature est en mouvement pour découvrir ce critique, contre lequel la tourbe des petits auteurs fait cause commune. On a attribué cette Épître à M. l’abbé de Voisenon, parce que Favart, un des

  1. Palissot. Voyez la Correspondance littéraire de Grimm, lettre du 1er novembre 1769. — R.