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SEPTEMBRE 1769.

de fête aussi nouveau couvrirait le roi d’une gloire plus vraie et plus durable que toute la pompe et tout le faste des fêtes asiatiques, et l’histoire consacrerait ce trait à la postérité avec plus de complaisance que les détails frivoles d’une magnificence onéreuse au peuple, et bien éloignée de la grandeur d’un monarque, père de ses sujets. »

14. — Un caustique, comme il s’en trouve beaucoup à Paris, mécontent des opérations de M. le contrôleur général, que beaucoup de gens accusent d’ineptie, a rapproché ce caractère avec la conformation physique de la tête de M. Maynon, et en a formé l’épigramme suivante :


Midas avait des mains qui changeaient tout en or :
Que notre contrôleur n’en a-t-il de pareilles !
Pour l’État épuisé ce serait un trésor :
Mais, hélas ! de Midas il n’a que les oreilles !


15. — On parle beaucoup d’un bon mot de M. le duc de Choiseul à madame la comtesse Du Barry. On sait que la chronique scandaleuse a prétendu que, quoique cette dame soit née en légitime mariage, son père véritable et physique était un abbé Gomar, ci-devant Picpus et qui passait pour avoir été très-bien avec la mère : bruit fort accrédité par le grand soin que madame Du Barry prend de cet abbé. La conversation roulait sur les moines, de la destruction desquels on s’occupe essentiellement en France. Madame Du Barry était contre eux, et M. le duc de Choiseul en prenait la défense. Ce ministre, plein d’esprit et de finesse, mettait en avant tous les genres d’utilité de cet état et se laissait battre successivement en ruine sur tous les points ; enfin poussé à