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MEMOIRES SECRETS.

laide, n’est point aussi mal qu’on l’avait faite. On assure qu’elle est brune et non pas noire ; qu’elle a de très-beaux yeux ; que sa physionomie porte un caractère de noblesse qui en impose ; que sa taille est agréable.

— On avait commencé un Journal du Palais sous le titre de Récit de ce qui s’est passé au sujet de l’Édit envoyé au Parlement le 27 novembre 1770[1], et on y avait successivement ajouté des suites contenant, jour par jour, ce qui était arrivé jusqu’au 1er février[2]. Cet écrit peu éloquent, mais qui est réputé très-véridique, et rempli d’anecdotes très-piquantes, était fort couru dans Paris ; mais la difficulté de le faire imprimer, sans doute, en avait retardé la publicité. Enfin, on en voit aujourd’hui la continuation jusqu’aux vacances de Pâques[3], et cette suite n’est pas moins intéressante que le reste ; la clandestinité de la brochure lui donne un nouveau mérite ; elle est recherchée avec la plus grande avidité, dans un temps où toutes les conversations ne cessent de rouler sur la même matière depuis six mois.

9. — La Comédie Italienne, c’est-à-dire l’Opéra-Comique, est à la veille de faire une très-grande perte en la personne du sieur Caillot, qui se retire. Cet acteur, extrêmement goûté du public, et le premier coryphée du spectacle en question, à une voix mixte, tenant haute-contre, de la taille et de la basse taille, se modulant sur tous les tons, joignait une intelligence singulière et une facilité merveilleuse. Sa figure secondait à merveille

  1. On le trouve dans le Journal historique dont nous avons parlé, tome Ier p. 5-59. — R.
  2. Dans le même recueil, tome Ier p. 59-84. — R.
  3. Même recueil, tome Ier p. 84-177. — R.