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MEMOIRES SECRETS.

n’ont pu s’y faire illusion sur l’intrigue absurde, sans ensemble, sans intérêt, et sur le galimatias du style, tantôt dur et boursouflé, tantôt fade et prosaïque. Quelques situations, mal amenées, ont pourtant fait effet, et sans doute en auraient produit davantage si le spectateur, détrompé par la lecture de la pièce, n’eût été déjà mal prévenu en sa faveur.

26. — Le sieur de La Borde, l’auteur de la Cinquantaine dont on a parlé, ayant indisposé beaucoup de sujets de l’Opéra par une défense indiscrète qu’il a voulu prendre du sieur Vestris contre mademoiselle Heinel, en se mêlant mal à propos dans les querelles de ce tripot, a été obligé de retirer son ouvrage, par la difficulté de trouver des gens de bonne volonté, soit dans le chant, soit dans la danse : il paraît en général que le public n’y perd pas beaucoup.


27. — *Les plaisans continuent à rire et à faire des épigrammes. En voici une qu’on a débitée sur le soi-disant Parlement :


« Quand je vois ce tas de vermine
Que l’on érige en Parlement,
Je les pendrais tous sur la mine,
Disait le bourreau gravement ;
Mais en vertu d’une sentence
De ce Conseil irrégulier
Je ne pourrais, en conscience,
Pendre même le chancelier. »

28. — Madame la duchesse de Durfort, belle-fille de M. le duc de Duras, que tout le monde sait ne point vivre avec son mari, est devenue grosse et est accouchée. M. le chevalier de Boufflers a fait la chanson sui-