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JUIN 1770.

tières présentes. L’une en date du 11 février 1771, a pour titre : Lettre de M***, conseiller au Parlement, à M. le comte de ***. Le but de l’auteur est de prouver, 1° que le Parlement a dû s’opposer à tout enregistrement de l’Édit ; 2° qu’il n’a fait en cette occasion que ce qu’il avait fait dans d’autres, avec succès et avec l’approbation de nos rois, mieux instruits ; 3° qu’il a employé, pour manifester son opposition, le seul moyen légal et honnête qui pût convenir à des magistrats.

L’autre est intitulée : Observations sur l’incompétence de MM. du Conseil pour la vérification des lois. Cette seconde brochure, bien supérieure à la première, démontre, par huit considérations, la nullité de tout ce que feraient MM. du Conseil en pareil genre, et même celle de tout jugement civil ou criminel qu’ils peuvent prononcer. Outre l’avantage d’une logique claire et pressante, elle a celui d’être très-courte, et de résumer en peu de pages les plus puissans argumens sur cette matière. Le style est d’une énergie propre à la chose, et ajoute encore à la force du raisonnement.

29. — Mademoiselle Sainval, une des coryphées de la Comédie Française, destinée à doubler mademoiselle Dumesnil, et qui, avec autant de laideur et un organe très désagréable, annonçait d’heureuses dispositions pour la remplacer, vient de devenir folle par un accès de sensibilité qui lui fait honneur. On raconte qu’ayant eu un frère soldat pendu, l’aréopage comique avait décidé que sa délicatesse ne lui permettait pas de garder sa sœur parmi ses membres, et qu’il fallait la remercier. Cette nouvelle a jeté mademoiselle Sainval dans un désespoir auquel on attribue le dérangement de sa tête. Cette actrice passait pour avoir les passions très-vives,