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MEMOIRES SECRETS.

avec laquelle, en faisant l’éloge du roi et de son règne ce récipiendaire y a amené indirectement celui de M. le duc de Choiseul, en pesant davantage sur les temps de l’administration de ce ministre, qu’il a indiqués comme une époque mémorable de la monarchie. On a applaudi au zèle de l’amitié, sans discuter s’il était juste, ou excessif, ou indiscret. M. Gaillard a mieux rempli sont rôle. Il a fait, après les complimens d’usage, une dissertation historique sur les sociétés savantes en France, fait remonter l’origine jusqu’à Charlemagne. Il a présenté un tableau rapide et serré des progrès de ces institutions, et il y a joint des anecdotes précieuses et honorables pour les gens de lettres ; mais il y a trop mêlé ce ton d’emphase, mis à la mode par le sieur Thomas, cette bouffissure philosophique, par où il s’est a annoncé comme un digne sectateur de la cabale encyclopédique qui l’a porté à sa nouvelle dignité. M. l’abbé de Voisenon, encore directeur pour cette cérémonie, a répondu alternativement aux deux récipiendaires par deux discours. Même style, mêmes sarcasmes, même persiflage que la première fois. Sa figure de singe semblait donner encore plus de malice à ses saillies, et il a soutenu à merveille le rôle d’Arlequin qu’il s’était imposé, suivant ses propres expressions en réponse à ses confrères qui lui reprochaient le peu de gravité de ses discours.

Ensuite le sieur Duclos a lu une continuation de l’Histoire de l’Académie, commencée successivement par Pellisson et par l’abbé d’Olivet, depuis son origine jusqu’en 1700. En sa qualité de secrétaire de l’Académie il a cru devoir avancer cet ouvrage jusqu’à nos jours. Ce n’est qu’une chronologie sans suite et sans liaison des