Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/278

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
MEMOIRES SECRETS.

où il a succédé à feu M. de Moncrif. La tâche n’était pas facile à remplir pour louer son prédécesseur, et la sécheresse du sujet s’est répandue sur tout l’ouvrage. M. l’abbé de Voisenon, en sa qualité de directeur, avait un plus beau champ, puisqu’il avait à faire l’éloge du mort et du récipiendaire. Aussi y a-t-il employé toute l’artillerie de son esprit. Il a eu l’art d’égayer la matière et de réveiller les auditeurs par des saillies qui ont été fort applaudies. Jamais séance académique ne s’est terminée plus agréablement.

6. — Plusieurs seigneurs et dames de la cour ont obtenu la permission d’aller à Chanteloup : de ce nombre sont M. le prince de Tingri, le marquis de Beauvau, leurs femmes et autres, etc., ce qui intrigue fort le chancelier et ranime le parti adverse.

8. — Les Comédiens Français ont donné hier, pour la première fois, une petite pièce, qui a pour titre : l’Heureuse Rencontre, en un acte et en vers. Ce petit drame n’offre rien de piquant, et est médiocre, pour ne pas dire plus. C’est l’ouvrage d’un bel esprit femelle[1], qui veut garder l’anonyme et fera bien.

9. — Il paraît, à ce qu’on assure, un libelle sanglant contre M. le chancelier, en forme d’Ode, et l’on dit qu’il est intitulé les Chancelières[2]. On se doute bien qu’il est très-rare, et que l’auteur n’a pu l’enfanter que dans les plus profondes ténèbres.

10. — Le Parlement de Grenoble n’a pas manqué de se signaler, et de déployer, dans la présente occasion l’éloquence noble et touchante qu’on remarque dans toutes ses productions. Il a adressé au roi des remon-

  1. Mesdames Chaumond et Roset. — R.
  2. V. 17 mars 1771. — R.