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MEMOIRES SECRETS.

mettre dans la position critique où il se trouve, soit vis à-vis de la Cour, soit vis-à-vis de la Compagnie.

21. — On assure que M. le chancelier, sentant la nécessité d’avoir dans son parti des plumes éloquentes, s’en est attaché plusieurs, et qu’il fait même solliciter de loin M. de Voltaire[1], dont il flatte la vanité.

22. — Épigramme de M. Piron contre la traduction de Suétone, par M. de La Harpe.


Dans l’absence de mon valet
Un colporteur borgne et bancroche
Entra jusqu’en mon cabinet,
Avec force ennui dans sa poche :
« Les douze Césars pour six francs,
Me dit-il ; exquis, je vous jure.
L’auteur, qui connaît ses talens,
L’a dit lui-même en son Mercure.
C’est Suétone tout craché,
Et traduit… traduit ! Dieu sait comme !
Ce sont tous les monstres de Rome
Qu’on se procure à bon marché !
De ce recueil pesez chaque homme :
Des empereurs se vendent bien ;
Caligula seul vaut la somme,
Et vous aurez Néron pour rien.
— Que cent fois Belzébuth t’emporte,
Lui dis-je, bouillant de fureur !
Fuis, avec ton auguste escorte ! »
Et puis de mettre avec humeur,
Ainsi que leur introducteur,
Les douze Césars à la porte.

23. — Les ouvrages périodiques retentissent depuis

  1. V. 9 avril 1771. R.