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JUIN 1770.

donnez à vos Parlemens, qui ont soutenu vos intérêts, comme vous pardonnez à vos ministres qui les ont vendus : ne succombez plus aux tentations de la Du Barry, mais délivrez-nous du diable de Chancelier. »

18. — Les écrivains qui, depuis plusieurs années, se sont proposé pour tâche d’ébranler et de détruire la religion par tous les moyens possibles, viennent de reproduire au jour : Israël vengé, ou Exposition naturelle des prophéties hébraïques que les chrétiens appliquent à Jésus, leur prétendu Messie. C’est l’ouvrage d’un certain Isaac Orobio, juif espagnol, qui avait écrit dans sa langue naturelle. Il a été traduit en français par un autre juif, appelé Henriquès.

20. — M. Séguier, premier avocat-général, en apportant au Parlement les dernières lettres de jussion[1], prononça le discours suivant :

« C’est à regret que nous nous trouvons dans l’obligation d’apporter de troisièmes lettres-patentes du roi, en forme de jussion. Si la rigueur de notre ministère impose, en ce moment, silence à notre sensibilité, nous n’en faisons pas moins les vœux les plus ardens pour que la cour puisse trouver, dans les ressources inépuisables de sa sagesse, les moyens les plus efficaces pour détourner l’orage dont nous sommes menacés. Nous osons espérer qu’elle nous rendra justice, et sera convaincue que c’est avec la plus grande douleur que nous avons pris par écrit les conclusions que nous laissons à la cour. »

On cite ce discours comme remarquable par les tours oratoires que prend le magistrat pour ne pas se compro-

  1. Le Parlement de Paris ayant arrêté de suspendre son service ordinaire, le roi lui enjoignit, par lettres de jussion, de reprendre ses fonctions : elles restèrent sans effet. — R.