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MEMOIRES SECRETS.

Croyez-vous entendre un castrat,
Payant pour qu’on le claque là…
LeEh bien ! c’est encore elle.

LeSon peu d’esprit est fait
LeAu jargon des coulisses ;
LeElle est le Poinsinet
LeDu sexe et des actrices,
Le Sans pudeur, sans foi,
Le Priape[1] est sa loi,
LeSon œil toujours l’appelle :
Cette boîte au repentir
Dont on vit tous les maux sortir,
Si quelqu’un veut encor l’ouvrir,
LeEh bien ! Messieurs, c’est elle[2].

30. — Le sieur Collé, lecteur de M. le duc d’Orléans, avait fait imprimer depuis long-temps une comédie en un acte et en prose, intitulée la Veuve, dont la lecture n’avait pas eu un grand succès. Il vient de s’aviser de la faire jouer par les Comédiens Français : on en a donné hier la première représentation qui lui a valu une chute complète. Ce drame n’est autre chose qu’un assemblage de conversations à la mode, c’est-à-dire pleines de mots et vides de sens, sans aucune action ni intrigue, terminées par un dénouement bizarre et romanesque. Les acteurs, d’ailleurs, par leur mauvais jeu, n’ont pas peu contribué à rendre l’ouvrage encore plus ennuyeux plus insipide.

  1. À l’exemple d’un précédent éditeur nous altérons un peu la pureté du texte. — R.
  2. À la suite de cet Hymne, et à la date du 28 décembre 1770, on trouve dans les Mémoires secrets un Cantique en l’honneur de mademoiselle Dervieux, célèbre danseuse de l’Opéra. Comme il n’est remarquable que par son obscénité, nous n’avons pas cru devoir le conserver ; mais nous le mentionnons
    parce qu’il en a été question. ― R.