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JUIN 1770.

On les nomme à la chancelière.
— Pourquoi ? — C’est qu’ils sont faux et ne rougissent pas.


Un autre plaisant a fait d’avance l’épitaphe de M. le duc de La Vrillière. Elle roule sur ses trois noms différens de Phelypeaux, Saint-Florentin et La Vrillière :


Ci gît, malgré son rang, un homme fort commun ;
Ayant porté trois noms et n’en laissant aucun.


11. — Il se répand un couplet de chanson qu’on met sur différens airs. Le voici :


Le bien-aimé de l’almanac
N’est pas le bien-aimé de France :
Il fait tout ab hoc et ab hac,
Le bien-aimé de l’almanac ;
Il met tout dans le même sac,
Et la justice et la finance :
Le bien-aimé de l’almanac
N’est pas le bien-aimé de France.


12. — Mardi on a donné sur le théâtre de l’Opéra la première représentation d’Ismène et Isménias, tragédie lyrique, exécutée pour la première fois à Paris, mais jouée en 1763 à Choisy, devant le roi, avec un médiocre succès. Le poëme, du sieur Laujon, est dénué de tout intérêt, fort embarrassé dans sa marche, et prête peu à l’appareil du spectacle que doit fournir un ouvrage de ce genre. La musique, du sieur La Borde, est excellente comme production d’un amateur, mais n’a pas de même cette chaleur qu’on admire et qu’on ressent dans les compositions des grands maîtres. Elle est triste, presque toujours dans le bas, peu d’airs chantans ou de symphonie ; quelques morceaux assez agréables, mais