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JUIN 1770.

Paris, a passé ici. Il est d’usage lorsqu’un membre de l’Académie Française vient à Marseille, que l’Académie de cette ville députe vers lui, par une déférence due à la première, qu’on regarde comme la mère des autres. On a agité, à l’occasion de M. Séguier, ce qu’on ferait, et il a été décidé non-seulement de ne pas le complimenter, mais de ne fraterniser en rien avec lui. Cette délibération a été prise, d’après le compte rendu par un membre, du Réquisitoire de ce magistrat, de ce qui s’était passé à l’Académie Française à la scène de réception de M. l’archevêque de Toulouse, et de l’indécence des démarches ultérieures de M. l’avocat-général, pour provoquer la défense d’imprimer le discours du sieur Thomas. »

30. — Thémire, jouée depuis peu par les Comédiens Italiens, est une espèce de pastorale qui roule sur l’Églogue connue de Fontenelle, dont le refrein est :

Mais n’ayons point d’amour, il est trop dangereux.

Elle n’est composée que de trois acteurs, Thémire, père, et un berger, amoureux de la jeune fille. Celle-ci l’aime aussi, mais d’amitié seulement, et ne veut pas entendre prononcer le mot d’amour, ni conséquemment celui de mariage. Le père et l’amant en sont également désolés ; le premier conseille à l’autre, pour développer le cœur de la bergère, de feindre d’aimer une de ses compagnes, en l’assurant qu’il conserve toujours pour elle les sentimens de l’amitié la plus parfaite, mais qu’il porte son amour ailleurs, puisqu’elle n’en veut pas. Cette ruse éveille la jalousie dans le cœur de son amante ; elle reconnaît ses propres sentimens qu’elle se dissimulait, et ils s’épousent.

Ce canevas, assez simple, présente pourtant les