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MEMOIRES SECRETS.

Celui-ci a profité de la facilité qu’il a de faire parler divers ouvrages périodiques pour annoncer la sienne avec beaucoup d’emphase, et prémunir le public contre toute surprise qui pourrait lui être faite par la présentation des œuvres de l’autre traducteur. Il a annoncé plusieurs fois qu’il ne fallait pas confondre les deux traductions ; en un mot, il a mis dans ces avertissemens la présomption ordinaire qu’on lui connaît, et cette morgue littéraire dont ne l’ont pas encore guéri les diverses mortifications qu’elle lui a causées et la haine presque universelle des auteurs, ses confrères.

24. — Le président Hénault, surintendant de la maison de madame la Dauphine, membre de l’Académie Française et de celle des Inscriptions, vient de mourir ce soir, après avoir lutté contre la mort depuis plusieurs années, âgé de près de quatre-vingt-six ans. Tout le monde connaît son Abrégé chronologique de l’Histoire de France, qui lui a fait tant de réputation, loué tour à tour, et dénigré outre mesure par M. de Voltaire, et qui ne méritait ni tant de célébrité, ni une critique si amère. Il était fort riche. Sa table était ouverte à tous les gens de lettres, ses confrères, et surtout aux Académiciens. Il n’était pas moins fameux par son cuisinier que par ses ouvrages. Le premier passait pour le plus grand Apicius de Paris, et tout le monde connaît la singulière Épître du philosophe de Ferney à ce Lucullus moderne, qui débute ainsi :


Hénault, fameux par vos soupers,
Et par votre Chronologie, etc.

25. — Extrait d’une lettre de Marseille du 17 novembre. « M. Séguier, avocat-général du Parlement