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MEMOIRES SECRETS.

ouvrage périodique, destiné surtout à traiter les matières scientifiques, avait été jusqu’ici monté sur un ton très-grave ; il le conserve encore sur tous les articles étrangers ; mais celui de France est traité tout différemment. Depuis le mois de septembre, on y remarque une touche nationale qui annonce la correspondance d’un homme d’esprit très au fait des anecdotes littéraires, et qui n’ignore pas que la méchanceté est l’âme de ces feuilles éphémères. Le sieur De Rosoy passe pour le rédacteur en titre. Cependant on croit qu’il a lui-même un associé dont la plume brillante saupoudre le tout d’un sel léger et piquant.

11. — Les nouveautés n’ont pas fait encore une sensation extraordinaire sur le théâtre de la cour : une ancienne pièce, qu’on a jouée hier, a plus amusé que tout le reste ; ce sont les Carrosses d’Orléans, farce de La Chapelle qu’on ne joue jamais à la ville, mais qu’on donne de temps en temps à la cour, où elle a toujours réussi. Elle a encore eu plus de succès cette fois-ci par un divertissement qu’on y a ajouté, analogue aux circonstances. C’est madame la duchesse de Villeroi qui a principalement contribué à cette innovation. Plusieurs amateurs s’en sont mêlés, et le sieur Favart a broché sur le tout. Il y a, entre autres choses, ajouté des couplets qui contiennent un éloge indirect et délicat de madame la Dauphine ; ils ont été extrêmement applaudis. Les jeunes princes, par extraordinaire, étaient à ce spectacle, qui les a beaucoup fait rire, ainsi que la princesse leur belle-sœur. M. le Dauphin, plus sérieux, n’a pas paru prendre une part bien marquée à cette grosse gaieté.

12. — Les Comédiens Français ont joué samedi der-