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MEMOIRES SECRETS.

ses protestations de n’avoir voulu l’offenser en rien, et lui donne là-dessus l’alternative en bon et franc militaire. M. de Waxhen, après beaucoup d’explications, paraît satisfait, et laisse partir son adversaire. Il est tourmenté bientôt après de nouvelles inquiétudes, et va trouver un ministre étranger, de ses amis, auquel il conte son aventure et qu’il consulte. Celui-ci lui rit a nez, le rassure, et lui promet de l’avertir s’il court sur son compte aucun mauvais propos à cette occasion. Il croit le baron calmé ; mais la tête tourne à celui-ci, et il se porte à la cruelle extrémité dont on a rendu compte.

16. — Épigramme sur la statue de M. de Voltaire.

Le moJ’ai vu chez Pigalle aujourd’hui
Le modèle vanté de certaine statue :
À cet œil qui foudroie, à ce souris qui tue,
À cet air si chagrin de la gloire d’autrui,
Je me suis écrié : ce n’est point là Voltaire ;
C’est un monstre… Oh ! m’a dit certain folliculaire,
Le moSi c’est un monstre, c’est bien lui.


17. — Épître à mademoiselle Dervieux,
À l’occasion des vers que mademoiselle Guimard avait fait faire contre elle.

Sur ton compte un mauvais fragment,
Ô Dervieux, court en ce moment.
Crois-moi, ris d’une âcre furie
Qui de ta douceur se prévaut.
Auprès d’elle ton vrai défaut
Est de plaire, lorsqu’on l’oublie.
Monotone et sans grand talent,
Ses pas ne sont que des grimaces
Qu’un admirateur ignorant
Prend pour d’inimitables grâces.