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JUIN 1770.

à notre faiblesse, en nous prêtant généreusement la main pour nous dresser selon vos désirs, et nous avez mis par ce moyen dans le cas d’entrer en concurrence avec les sujets du premier talent, qui marchent toujours la tête levée, et auxquels on ne peut reprocher qu’un peu trop de roideur, défaut dont ils se corrigeront aisément.

« Que dis-je ? je m’aperçois que je m’allonge un peu trop sur les efforts de nos acteurs ; que je pourrais m’étendre sur quelques-unes de nos actrices. Mais ce n’est pas là le moment : je me contenterai de vous dire que si nous donnons aujourd’hui quelque relâche à vos amusemens et à notre spectacle, c’est reculer pour mieux Sauter. Et, quoiqu’il ne soit pas permis à tout le monde d’être heureux à la rentrée, c’est cependant sur elle que nous fondons toute notre espérance ; et voici quel en est le motif :


Air : Je suis gaillard.

Esope un jour avec raison disait,
EsQu’un arc qui toujours banderait
EsopSans doute se romprait.
EsoSi le nôtre se repose,
EsMesdames, c’est à bonne cause,
EsopÀ ce qu’il nous paraît.
De ce repos vous verrez les effets ;
EsopNous ferons des apprêts
EsopPour de nouveaux succès ;
EsEt nous le détendrons exprès
Pour mieux le tendre après. »

C’est le sieur de La Borde, premier valet de chambre du roi, grand amateur et compositeur de musique, le directeur des spectacles de mademoiselle Guimard, qui a commandé le compliment ci-dessus au sieur Armand fils, concierge de l’hôtel des Comédiens, et auteur