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MEMOIRES SECRETS.

Messieurs,

« Autant que l’usage des choses de théâtre a pu me donner de pratique… non, je mets la charrue devant les bœufs, Messieurs, je veux dire : autant que la pratique des choses de théâtre a pu me donner d’usage, j’ai marqué en général, j’ai même expérimenté, que clôtures sont bien plus difficiles à faire que les ouvertures ; que le moment où l’on rentre a quelque chose de bien plus gracieux, de plus agréable, que le moment où l’on sort ; et que les actrices ne pourraient jamais se consoler des regrets de la sortie, si elles n’envisageaient l’espérance d’un bout de rentrée. Ce discours tend à vous montrer d’un clin d’œil, à vous exposer d’une manière qui ne tombera pas en oreille d’âne, Messieurs, à rapprocher enfin par un trait insensible les avantages de la sortie d’avec ceux de la rentrée, la clôture, enfin, de l’ouverture. Mais ne pensons point à l’ouverture, quand nous en sommes à la clôture : ne pensons pas commencement du roman, quand nous en sommes à la queue. C’est le plus difficile à écorcher, Messieurs ; on le sait, et c’est pour cela que je rentre dans la matière de mon compliment, et que j’en reviens à la clôture d’aujourd’hui, qui fait le fond de mon sujet.

« Vous trouverez notre clôture bien courte, bien petite, en comparaison des ouvertures si grandes, si brillantes, Mesdames, dont nous vous sommes redevables. Quelles obligations ne vous avons-nous pas pour les avoir soutenues ainsi agréables, douces et faciles, pour avoir écarté à propos ces critiques qui vilipendent sans cesse un acteur, l’obligent de se retirer la tête basse et la queue entre les jambes ! Vous avez soutenu notre zèle, suppléé