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JUIN 1770.

séré une espèce de réfutation d’un livre qui a paru, il y a déjà du temps, ayant pour titre : Lettres de quelques Juifs portugais et allemands à M. de Voltaire, avec des réflexions critiques, etc. Leur objet était de relever plusieurs erreurs, qu’ils regardent comme échappées à ce grand homme en parlant des livres sacrés. Les principales sont d’assurer que Moïse n’avait pas pu écrire le Pentateuque ; que l’adoration du veau d’or n’avait pas pu avoir lieu, parce qu’on ne peut réduire l’or en poudre, et que d’ailleurs on n’avait pu fondre cette statue en trois mois. Les auteurs de la brochure y avaient mis toute la modération, toute la politesse possible. Le philosophe de Ferney, sentant combien il serait indécent d’invectiver des écrivains qui dissertaient aussi honnêtement, prit le prétexte de supposer ces lettres écrites par je ne sais quel cuistre[1] du collège du Plessis, qu’il traîne sur la scène, qui lui sert de plastron, et contre lequel il vomit les flots de bile qui le suffoquent de temps en temps. Excepté ces injures et un appareil d’érudition que M. de Voltaire développe à son ordinaire, toute la partie du raisonnement est faible et vient se briser contre la logique claire et pressante de ses adversaires. Il paraît que cet autre pamphlet fera aussi partie des Questions sur l’Encyclopédie

15. — M. Thomas a eu une explication avec M. Séguier, où il a déclaré à ce magistrat qu’il n’avait nullement eu en vue d’attaquer son Réquisitoire ; que son discours était fait avant que cet ouvrage parût, et qu’il l’avait lu devant gens en état de l’attester : d’un autre côté, il est certain que l’abbé de Voisenon prévint M. Séguier avant la séance, et lui déclara en plaisantant

  1. L’abbé Guénée. — R.