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JUIN 1770.

blique pour la réception de M. l’archevêque de Toulouse, élu à la place de M. le duc de Villars. L’assemblée était très-brillante en femmes, en évêques et en grands seigneurs. On a trouvé le discours du récipiendaire très-médiocre. Il a été court : on y a remarqué quelques transitions heureuses, entre autres la dernière, où, sous le prétexte de l’impatience qu’il voyait dans le public d’entendre M. Thomas, le directeur, il s’est arrêté et a fini.

En effet, le discours de M. Thomas a produit une grande sensation, et malgré les longueurs, les écarts, les digressions, il a été reçu avec beaucoup de transports. On y a trouvé un détail sur l’esprit des affaires, qui a paru neuf ; un parallèle de l’homme de lettres de la ville avec l’homme de lettres de la cour. Mais on a surtout applaudi à la sortie vigoureuse qu’il a faite contre ces hommes en place qui, ayant désiré, par amour-propre, d’être admis dans le sein de l’Académie, la trahissent en calomniant les lettres et leurs sectateurs. En rendant justice à quelques grands qui ont eu le courage de défendre leurs confrères Académiciens opprimés, il a flétri d’une ignominie durable les âmes lâche et pusillanimes qui n’auraient pas la même force ; les courtisans hypocrites, qui désavouent en public des hommes qu’ils estiment en secret ; des hommes vendus à la faveur, qui lui soumettent tout, jusqu’à leur génie, et concourent à éteindre des lumières que redoute le despotisme. On a prétendu que les divers hors-d’œuvre du discours de l’orateur n’avaient été placés que pour amener insensiblement celui-ci, et faire rougir, s’il était possible, M. Séguier du rôle indigne qu’on lui reproche d’avoir joué dans la dénonciation, dont il avait été chargé au Parle-