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MEMOIRES SECRETS.

fié de la suppression de son Réquisitoire, déjà tout imprimé d’avance, et dont il avait promis d’envoyer le jour même des exemplaires à la Cour, a eu recours à la voie de l’autorité pour faire paraître son ouvrage. Il s’imprime actuellement au Louvre, par ordre du roi. On assure qu’il a supprimé ou absolument changé la phrase, page 26, du Réquisitoire imprimé chez l’imprimeur du Parlement, dont ses ennemis s’étaient prévalus pour lui donner cette humiliation, sous prétexte qu’elle était injurieuse aux Anglais. La voici telle qu’elle texte original, page 26, ligne 3 :

« N’est-ce pas ce fatal abus de la liberté de penser qui a enfanté chez les insulaires nos voisins cette multitude de sectes, d’opinions et de partis, cet esprit d’indépendance, qui finira par détruire cette Constitution même dont ils se glorifient ? »

1er Septembre. — L’Éloge de Marc-Aurèle fait un bruit du diable. On trouve bien extraordinaire que dans le sanctuaire de l’Académie, protégée par le roi, dans son palais, un membre de cette compagnie ait osé avancer les propositions les plus hardies, fronder le gouvernement actuel avec tant de dureté, et inculper, ce semble, tous des ministres, par des apostrophes et des allusions dont on ne peut méconnaître le sens et les rapports.

2. — Tandis que le Parlement proscrit les ouvrages dangereux dont il a été rendu compte par M. Séguier, l’incrédulité ne cesse d’en répandre de nouveaux, toujours tendant au même but, et remplissant le système réfléchi des ennemis conjurés de la religion, pour, après l’avoir attaquée dans son tout, la détruire successivement dans ses parties. Il nous est arrivé de Hollande depuis peu