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MEMOIRES SECRETS.

que l’Académie laissait de nouveau le choix du sujet libre pour le prix de poésie, et qu’il serait distribué l’année prochaine avec celui de prose ; qu’au surplus il avertissait que la médaille ne serait que de cinq cents livres au lieu de six cents livres. Il a donné à entendre, sans s’expliquer ouvertement, qu’une main fiscale s’était étendue jusque dans le trésor des Muses, et avoir rogné un depôt qui aurait dû être sacré, c’est-à-dire qu’on avait mis un des impôts jusque sur ce petit et très-petit objet, ce dont M. de L’Averdy avait déjà donné l’exemple durant son ministère.

Après cette digression, le sieur Thomas a fini avec les mêmes applaudissemens son Éloge de Marc-Aurèle. Ce morceau d’éloquence a d’autant mieux les suffrages, qu’il a paru dégagé de cette emphase, de tout cet appareil oratoire, qu’on remarque dans les autres ouvrages de l’auteur.

Pour délasser un peu l’assemblée de la tension d’esprit que lui avait occasionée ce discours, M. le duc de Nivernois a lu six fables : le Seigneur et son Fermier, le Chêne et le Ruisseau, la Pyramide, l’Orgueilleuse, le Roi et son Gouverneur, le Lion inconsolable. Quoiqu’il résulte la même morale des trois premières, elles ont été entendues toutes avec la même curiosité et le même plaisir.

27. — Le sieur La Beaumelle, l’homme de lettres que M. de Voltaire déteste le plus peut-être après le sieur Fréron, prétend que ce philosophe a oublié ses principes de l’ordre et son amour de l’humanité, jusqu’au point d’envoyer aux vassaux d’une terre que le sieur La Beaumelle a en Languedoc, des écrits injurieux à leur seigneur[1]. Il dit que dans le premier mouvement de son

  1. Tout ce que l’on dit ici de M. de Voltaire est faux. — W.