Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
JUIN 1770.

ElOn ne saurait vous contester vos droits :
Vous les avez pesés dans la même balance
Elle Où l’on vous a vus tant de fois
Immoler au tuteur le pupille et les lois,
Elle En protestant d’obéissance.

19. — Il y a une requête[1] adressée au roi par les habitans de Saint-Claude contre les abbés et religieux dudit lieu, que l’on attribue à M. de Voltaire, et qui respire en effet tous les sentimens d’humanité dont est pétri ce poète philosophe.

20. — L’assemblée du clergé, depuis son ouverture, s’est spécialement occupée à consolider la foi ébranlée de toutes parts, et comme le concours de la puissance Séculière lui a paru nécessaire à ce grand œuvre, elle a provoqué le zèle du Saint-Père, qui, de concert avec elle, a sollicité le roi d’interposer son autorité en faveur de la religion. Le Parlement n’a pu se refuser à cette injonction, et les Gens du roi, depuis quelque temps, travaillaient à un Réquisitoire[2] contre les livres scandaleux les plus nouveaux, les plus répandus et les plus dangereux. Le réquisitoire a été présenté samedi aux chambres assemblées par M. Séguier. Il a été rendu arrêt qui condamne au feu tous les ouvrages en question ; mais par une humiliation sans exemple, on n’a point voulu admettre le réquisitoire de M. Séguier, et il ne sera point imprimé en tête de l’arrêt, suivant l’usage.

  1. Au roi en son conseil pour les sujets du roi qui réclament la liberté de la France contre des moines bénédictins devenus chanoines de Saint-Claude en Franche-Comté In-8° de 22 pages. — R.
  2. Réquisitoire sur lequel est intervenu l’arrêt du Parlement, du 18 août 1770, qui condamne à être brûlés différens livres ou brochures ; imprimé par ordre exprès du roi. Paris, Imprimerie Royale, 1770, in-4° de 35 pages. — R.