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JUIN 1770.

la religion, toujours les mêmes, mais que l’impiété reproduit infatigablement sous des figures diverses, elle a nommé le Père Bonhomme, Cordelier, docteur de Sorbonne, à cette illustre fonction. Il est chargé de ramasser les meilleurs écrits faits en faveur de la bonne cause, et d’en former un corps de preuves, suffisant pour repousser tous les argumens qu’on renouvelle, et réfutés d’avance dans ces traités aussi solides qu’éloquens.

14. — Il paraît que le livre de M. le marquis de Puysegur, intitulé : Discussion intéressante sur la prétention du clergé d’être le premier ordre d’un État, qui fit un grand scandale dans l’Église au commencement de 1768[1], a donné lieu à celui dont on a parlé sur le Droit du souverain ; mais l’auteur pousse son système plus loin ; il le développe, il l’étend, il en tire des conséquences, et, après avoir démontré que les richesses et les dignités politiques ne sont point essentielles à la religion, et qu’elles ne lui servent de rien, qu’elles sont même contraires à l’esprit de son institution, puisque son auteur ne l’a dotée d’aucun bien, qu’il a placé son berceau dans l’avilissement et la pauvreté, il démontre de quelle manière s’est opéré le changement, comment le clergé a séparé ses intérêts de ceux du reste des fidèles, et s’est substitué aux droits de l’Église invisible. Il discute ensuite si le peuple a pu donner, et le clergé récevoir, et il pulvérise tous les titres prétendus du clergé, même le titre si sacré de l’antiquité de la possession, duquel se prévalent les gens de main-morte, et qui s’écroule de lui-même par le vice imprescriptible de son origine.

Cet ouvrage passe pour être aussi de M. le marquis de Puységur.

  1. V. 5 février 1768. — R.