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MEMOIRES SECRETS.

giques, qui a prononcé le Discours latin[1]. Cette fête a pensé être troublée par une petite sédition des écolier qui ont voulu forcer le guet pour entrer, et qui, en effet, avaient déjà mis en fuite le guet à pied, lorsque le sieur Le Laboureur, commandant cette troupe, s’est présenté, a harangué d’abord la jeunesse révoltée, et n’ayant pu rien gagner par son éloquence, a mis l’épée à la main, et ordonné à la troupe de foncer au milieu d’elle, la baïonnette au bout du fusil. Les écoliers, intimidés par cet appareil belliqueux, se sont enfuis avec rapidité. Le dedans de l’assemblée a été aussi troublé par un enfant turbulent que le procureur-général a fait enlever pour être remis aux mains du guet.

13. — Le clergé est fort scandalisé d’un nouveau intitulé : Du Droit du souverain sur les biens-fonds du clergé et des moines, et de l’usage qu’il peut faire de ces biens pour le bonheur des citoyens[2]. On sent effectivement, par ce titre, combien il doit redouter la distribution d’un pareil mémoire. Aussi jette-t-il les hauts cris contre l’auteur et l’ouvrage. Les zélés voudraient les flétrir l’un et l’autre des censures ecclésiastiques ; mais les prélats les plus flegmatiques craignent que le châtiment n’illustre ce livre clandestin, et ne lui donne plus de publicité ; d’autres souhaiteraient plus judicieusement qu’on le réfutât.

En attendant que l’assemblée ait pris un parti définitif sur cet objet, elle s’occupe du soin de conserver le précieux dépôt de la foi, et de garantir les fidèles contre tout ce qui pourrait ébranler leur créance. Pour opposer une digue à ce torrent d’ouvrages abominables contre

  1. Il n’a point été imprimé. — R.
  2. Par De Cervol. Naples (Rouen, Besogne), in-8° de 164 pages. — R.