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JUIN 1770.

ont faite de ses ouvrages. En conséquence, il tombe d’estoc et de taille sur ses adversaires.

À la suite de cette Lettre, et après quelques autres écrits qui ne sont pas aussi saillans, est une Lettre du même écrivain à M. le chevalier de *** sur l’histoire des Révolutions de l’Empire Romain, où le sieur Linguet, vivement piqué de l’épigramme répandue contre lui[1], à l’occasion de son Mémoire pour M. le duc d’Aiguillon, se disculpe d’avoir loué les Tibère, les Néron, d’avoir déprimé les Trajan, les Titus, etc., cite ses textes, et prouve l’injustice des reproches horribles qu’on lui fait à cet égard.

11. — La pièce du sieur Lemière[2], après être tombée dans les règles à la cinquième représentation, est absolument morte aujourd’hui à la sixième. On dit que l’auteur s’en prend à la chaleur du temps et au mauvais jeu des acteurs. Quoi qu’il en soit, relativement à la dernière circonstance, qui est vraie en elle-même, un plaisant a fait l’épigramme suivante :

J’ai vu cette Veuve indécise :
Ami, que veux-tu que j’en dise ?
Son sort est digne de nos pleurs.
Du bûcher elle est délivrée,
Mais c’est pour être déchirée
Par le public et les acteurs.

12. — Mardi dernier la distribution des prix de l’Université s’est faite avec toute la pompe accoutumée[3]. C’est l’abbé Delille, auteur de la traduction des Géor-

  1. V. 12 juillet 1770. — R.
  2. La Veuve du Malabar. — R.
  3. Le prix d’honneur fut remporté par Antoine-Marie-Henri Boulard, mort le 6 mai 1825, et si connu par sa passion pour les livres. — R.