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JUIN 1770.

Du reste, il disculpe le sieur Palissot, et ne le croit pas coupable de l’infâme récrimination par laquelle on a prétendu qu’il avait dénoncé le sieur De Rosoy à la police.

7. — Vers faits à Versailles par une femme de vingt ans, le 16 juillet 1770[1]).

Fille à dix ans est un petit livret
Intitulé : le Berceau de nature.
Fille à quinze ans est un joli coffret
Qu’on n’ouvre point sans forcer la serrure.
Fille à vingt ans est un épais buisson
Dont maint chasseur pour le battre s’approche.
Fille à trente ans est de la venaison
Bien faisandée et bonne à mettre en broche.
À quarante ans c’est un gros bastion
Où le canon a fait plus d’une brèche.
À cinquante ans c’est un vieux lampion
Où l’on ne met qu’à regret une mèche.

8. — La diatribe de M. de Voltaire, qui a provoqué sanglante épigramme qu’on a citée[2], n’est autre chose que des Anecdotes sur Jean Fréron, imprimées il y a long-temps dans un recueil[3], mais qui n’avaient encore fait aucun bruit, et n’étaient pas parvenues à la connaissance de ceux qu’elles concernaient. Ce libelle, outre le sieur Fréron, diffame tous ceux que le vieillard de Ferney croit être les acolytes et les suppôts du journaliste. Le sieur Dorat, entre autres, qu’on sait être fort lié avec lui, se trouve aujourd’hui obligé de renier son

  1. Ces vers, généralement attribués au chevalier de Boufflers, ne se trouvent point dans ses Œuvres. — R.
  2. V. 27 juillet 1770. — R.
  3. Les Choses utiles et agréables, t.  II, p. 350. — R.