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MEMOIRES SECRETS.

On sait seulement qu’il va plusieurs fois par semaine au Jardin du Roi, où est la collection de toutes les plantes rares, et qu’il a été herboriser dans la campagne avec le sieur de Jussieu, démonstrateur de botanique.

Il passe pour constant qu’il a envoyé ses deux louis pour la statue de M. de Voltaire ; acte de générosité bien humiliant pour ce dernier ; façon bien noble de se venger de la sortie indécente et cruelle que l’autre a faite contre ce grand homme, dans le chiffon en vers qu’il a adressé à madame Necker[1], et de s’élever infiniment au-dessus de lui auprès de tous ceux qui connaissent la vraie grandeur.

23. — Des partisans de mademoiselle Dumesnil, enchantés que la cour lui ait enfin rendu justice et n’ait pas secondé la basse jalousie de mademoiselle Clairon, ont fait contre cette dernière les vers suivans, qui, quoique vrais, paraîtront un peu durs :


ExDe la cour tu voulais en vain
Expulser, ô Clairon, ton illustre rivale.
ExDumesnil paraît, et soudain,
ExD’elle à toi l’on voit l’intervalle.
ExRenonce, crois-nous, au dessein
ExDe surpasser cette héroïne ;
ExTon triomphe le plus certain
Est d’avoir en débauche égalé Messaline[2].

24. — Le chevalier d’Arcq, qui par son intimité avec

  1. V. 19 juin 1770. — R.
  2. Voici une autre version de cette épigramme :

    Indécemment tu quittas Melpomène,
    Et tu veux, Frétillon, remonter sur la scène ;
    Par la brigue écarter les talens de la cour,
    Et seule avoir l’honneur de paraître au grand jour ?
    C’était assez de gloire, impudente héroïne,
    Que d’avoir en débauche égalé Messaline.

    — R.