Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
MEMOIRES SECRETS.

M. le lieutenant-général de police contre la Dunciade du sieur Palissot. Cette requête plaisante, facile, et d’un bon ton, n’a point la dureté et l’amertume des autres satires de l’auteur ; elle est très-propre à lui concilier les rieurs, et à faire sentir le ridicule de la démarche sieur De Rosoy et de ses confrères.

16. — Vendredi 6 de ce mois, M. l’abbé de Beaumont, neveu de M. l’archevêque de Paris et prieur de Sorbonne fit l’ouverture de ce qu’on appelle les Sorboniques par un très-beau discours latin, dont le sujet était que le clergé de France avait répandu sur le royaume autant d’utilité que de splendeur. L’assemblée était très-brillante, et celle du clergé s’y était rendue en corps. Les prélats ont paru recevoir avec modestie l’encens que leur a prodigué le jeune orateur.

L’origine des Sorboniques vient d’un certain Cordelier qui, ayant été refusé à une thèse, demanda à entrer en lice et à soutenir la discussion contre tout venant sur toutes sortes de sujets depuis huit heures du matin jusqu’à huit heures du soir. Depuis ce temps, tout candidat est obligé de subir cet exercice, très-convenable à une poitrine de Cordelier, mais qu’on a adouci par ce qu’on appelle le bouillon. Ce sont deux heures d’intervalle qu’on accorde au soutenant pour dîner ; mais alors quelqu’un monte en chaire et dispute pour tenir en haleine l’assemblée. Cette espèce de gymnastique théologique se renouvelle, tous les deux ans, par un discours d’apparat.

20. — Les nouvelles publiques ont fait mention de la catastrophe singulière des deux amans[1] de Lyon

  1. Le jeune homme s’appelait Faldoni et la jeune personne Thérèse Monier. — R.