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JUIN 1770.

cette occasion. On a rapproché les éloges qu’il a insérés dans ses ouvrages des empereurs romains le plus en horreur, et la critique de ceux que l’Histoire a toujours loués ; et il en résulte l’épigramme suivante très-sanglante :


Linguet loua jadis et Tibère et Néron,
Calomnia Trajan, Titus et Marc-Aurèle :
Cet infâme, aujourd’hui, dans un affreux libelle,
Noircit La Chalotais et blanchit d’Aiguillon[1].


13. — Le sieur Bonamy, de l’Académie royale des Inscriptions et Belles-Lettres, historiographe et bibliothécaire de la Ville de Paris, est mort, le 8 juillet, âgé de plus de soixante-dix ans. C’était un savant obscur et modeste, dont les ouvrages, s’il en a fait, restent consignés dans les Mémoires de l’Académie. Il était, depuis 1749, auteur d’un ouvrage périodique, intitulé : le Journal de Verdun, qu’on qualifie de Mercure des Curés de campagne, parce qu’il est spécialement répandu dans les provinces.

— Le sieur Palissot a parodié le Mémoire du sieur De Rosoy, présenté contre lui au chancelier[2], par une Épître intitulée Requête de plusieurs grands hommes à

  1. Voici une autre épigramme sur le même sujet, et qu’on attribue à
    Rulhières :

    Lorsqu’aux abois le pacha d’Aiguillon
    Eut de Linguet déterré le repaire,
    Il le trouva composant un factum
    Qu’il a produit en faveur de Tibère.
    « Or sus, ami, dit le tyran breton.
    Tu sais mon cas ; fais mon apologie. »
    « Vous arrivez, lui dit l’autre, à propos ;
    Vous me trouvez en haleine et dispos :
    Je pelotais en attendant partie. » — R.

  2. V. 11 juin 1770. — R.