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JUIN 1770.

On prétend que M. le duc de Brissac avait dit à cette occasion que M. le duc d’Aiguillon avait sauvé sa tête, mais qu’on lui avait tordu le cou.

4. — M. l’abbé de Voisenon est fort mécontent d’avoir été joué et persiflé par le sieur Palissot qui, après les démarches qu’il a fait faire à cet abbé, ainsi qu’on l’a raconté, et après s’être avoué à lui pour l’auteur du Satirique dans une lettre, a voulu lui faire persuader ensuite que cet ouvrage n’était plus de sa composition. Les encyclopédistes, instruits du fait, ont tenté des démarches auprès de M. l’abbé de Voisenon pour obtenir la lettre en question, pièce de conviction qu’ils désiraient fort avoir ; mais s’y étant mal pris, ayant même employé les menaces, l’abbé est devenu plus raide, et ils n’ont pu obtenir la lettre d’aveu. Voilà où en est cette tracasserie.

6. — Le sieur Rochon de Chabannes, auteur de quelques ouvrages, d’opéras comiques, et de quatre petits drames joués aux Français avec succès, après avoir travaillé un an ou deux dans les bureaux des affaires étrangères à la partie des déchiffremens, avait été réformé, en conservant ses appointemens, était rentré dans la carrière des lettres, et se disposait à présenter aux Comédiens une comédie en cinq actes ; mais la roue de la fortune le porte sur un plus grand théâtre, il vient d’être chargé des affaires du roi à la cour de Dresde. Il paraît que mademoiselle Dangeville, dont la protection l’avait poussé la première fois auprès de M. le duc de Praslin, n’a pas peu contribué à ce nouvel événement.

7. — Le sieur J.-J. Rousseau, après s’être montré quelquefois au café de la Régence, où son amour-propre a été flatté d’éprouver qu’il faisait la même sensation qu’autrefois, et que sa renommée attirait encore la foule