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JUIN 1770.

20. — On attend depuis plusieurs jours l’Homme dangereux, ou le Satirique ; mais les Comédiens ayant toujours la mauvaise habitude de ne présenter le manuscrit à la police que lorsqu’on est sur le point de le jouer, pour peu qu’il souffre de difficultés, cela retarde les représentations. Cette comédie-ci, par son titre, semblait en effet susceptible de beaucoup d’observations qu’elle éprouve, et qui s’opposent à l’impatience du public. On l’attribue aujourd’hui à M. de Rulhières, auteur connu par quelques poésies fugitives, mais qui n’a encore produit rien de considérable.

— Il paraît une nouvelle édition de l’ancienne Sophonisbe de Mairet, réparée à neuf. Elle est précédée d’une Épître dédicatoire à M. le duc de La Vallière. Le style de ce préambule, le persiflage qui y règne, le ridicule du titre, tout annonce que cette plaisanterie est du vieillard de Ferney, qui, dans un moment de loisir, se sera amusé à rectifier l’ouvrage d’un des premiers auteurs de notre théâtre, où il y a sans contredit de très-grandes beautés.

22. — M. l’abbé Bergier, pour remplir les intentions de M. l’archevêque de Paris lorsqu’il l’a appelé auprès de sa grandeur et lui a conféré un canonicat de Notre-Dame, vient de faire un Examen du matérialisme, ou Réfutation du Système de la Nature, qu’il fait imprimer. Mais en même temps cet ecclésiastique s’est plaint que les devoirs de son état le gênaient beaucoup et lui laissaient peu de temps pour le travail. On assure qu’en conséquence l’assemblée du clergé se propose de lui faire une pension de dix-huit cents livres, d’en requérir autant pour cet écrivain de la part de M. l’évêque d’Orléans, afin de le mettre à même de résigner son