Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
JUIN 1770.

Qu « Cette Dauphine, en vérité,
Qu Nous l’aimons tous à la folie ! »
Qu Nous l’aimons ! Ce mot est si doux,
Qu’au milieu de ce peuple, errant autour de vous,
QuVous vous plaisez, sous le masque, à l’entendre ;
QuVous épiez, vous cherchez à surprendre
L’aveu, le seul aveu dont les Dieux sont jaloux.
Si pourtant vous croyez que rien ne vous décèle,
Vous vous trompez : partout Louis vous suit des yeux ;
Ses regards attendris semblent dire : « C’est elle ! »
Et puis cette ceinture, ornement précieux,
QuQue vous portez dès l’âge le plus tendre,
Et dont vous fit présent la mère de l’Amour,
Qu Jamais votre dame d’atour,
vous masquant, n’a pu vous la reprendre.

15. — Madame Geoffrin est une virtuose très-connue, surtout chez les étrangers, plus enthousiasmés de son esprit que ses compatriotes. On se rappelle[1] qu’elle fit, il y a quelques années, un voyage en Pologne ; qu’elle eut l’honneur de voir plusieurs souverains dans cette tournée, et surtout d’être admise à une audience particulière de l’Impératrice-Reine. Cette Majesté, dans son intimité avec elle, lui fit voir son oratoire garni de très-beaux tableaux. Madame Geoffrin y remarqua une place vide. Depuis son retour en France, ayant acquis une très-belle Vierge de Carlo Maratto, elle a demandé à l’Impératrice-Reine la faveur de lui permettre d’envoyer ce morceau fameux à Sa Majesté Impériale, s’imaginant qu’il figurerait très-bien dans l’endroit en question. Cette Souveraine a accepté le présent, et a envoyé à madame Geoffrin un service très-magnifique en porcelaine.

16. — Les vers à madame la Dauphine sont du sieur

  1. V. 4 mai et 4 juillet 1766. — R.