Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
Mai 1770.

tous les jours des contrariétés qui désolent les apôtres de la Science. Tandis qu’ils exaltaient le zèle du Parlement de Dauphiné pour la liberté du commerce, par l’arrêt qu’il avait rendu, permettant à toutes sortes de personnes de vendre et tuer des bestiaux, etc., celui de en rendait un, le 25 avril, qui défendait de laisser sortir de son ressort aucuns bestiaux, pour remédier à la disette de cette denrée, devenue excessivement chère… Des provinces entières qui demandaient du pain, déposent fortement contre leur esprit d’innovation, et maudissent à jamais les auteurs obscurs qui se sont avisés d’écrire sur l’administration ; ils leur attribuent, peut-être mal à propos, leurs calamités ; mais le concours des circonstances est un argument bien fort, surtout dans la bouche des malheureux qui meurent de faim : les révoltes ont été poussées au point qu’il a fallu faire marcher des troupes, dans le temps où l’on était à Paris et à Versailles dans les fêtes et dans les bals.

30. — Les préparatifs du feu qui doit se tirer aujourd’hui, ont attiré quantité de curieux. Ils annoncent quelque chose de plus marqué que celui de Versailles, et dans son plan, beaucoup moins étendu, on saisit un ensemble qui, dans l’autre, échappait aux spectateurs. La principale décoration représente le Temple de l’Hymen, précédé d’une magnifique colonnade, dont les gens qui veulent tout critiquer ont trouvé les proportions manquées. Ce temple est adossé à la statue de Louis XV. Il est entouré d’une espèce de parapet, dont les quatre angles sont flanqués de dauphins, qui paraissent disposés à vomir des tourbillons de feu ; des Fleuves, occupant les quatre façades, doivent aussi répandre des nappes et des