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MEMOIRES SECRETS.

sente du mariage de mon petit-fils avec l’archiduchesse Antoinette. La danse au bal étant la seule chose qui ne puisse tirer à conséquence, puisque le choix des danseurs et des danseuses ne dépend que de ma volonté, sans distinction de places, rangs ou dignités, exceptant les princes et princesses de mon sang, qui ne peuvent être comparés ni mis en rang avec aucun autre Français, et ne voulant d’ailleurs rien innover à ce qui se pratique à ma cour, je compte que les grands et la noblesse de mon royaume, en vertu de la fidélité, soumission, attachement et même amitié qu’ils m’ont toujours marqués et à mes prédécesseurs, n’occasioneront jamais rien qui puisse me déplaire, surtout dans cette occurrence-ci, où je désire marquer à l’Impératrice ma reconnaissance du présent qu’elle me fait, qui, j’espère, ainsi que vous, fera le bonheur du reste de mes jours. »

Bon pour copie. Saint-Florentin.

23. — On a fait hier à Versailles, sur le magnifique théâtre de la cour, la répétition d’Athalie, dans toute sa pompe et telle qu’elle doit être exécutée aujourd’hui. C’était depuis quelque temps un problème si ce serait du mademoiselle Dumesnil ou mademoiselle Clairon qui ferait le rôle. La dernière l’a emporté enfin, malgré l’énormité de cette injustice. Mais on ne sait si la première ne sera pas bien vengée par l’indignation générale du public contre sa rivale, qui au demeurant a déclamé plus que senti son rôle. On n’en a nullement été content. On est partagé sur les chœurs, qui font un merveilleux effet au gré d’une partie des spectateurs, et qui refroidissent et affaiblissent l’action, suivant d’autres amateurs. On se réunit plus complètement sur le spectacle et sur les