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MEMOIRES SECRETS.

question, qui exigeraient beaucoup d’explications pour ceux qui ne sont pas au fait de la compagnie, sont en général très-bien faites et d’une grande vérité.

19. — Tous ceux qui sont entrés aux appartemens le jour du mariage, et au festin royal surtout, conviennent qu’ils n’ont jamais vu de coup d’œil aussi miraculeux. Ils prétendent que toutes les descriptions qu’ils en feraient seraient au-dessous de la vérité, et que celles qu’on lit dans les romans de féerie ne peuvent encore en donner qu’une idée très-imparfaite. La richesse et le luxe des habits, l’éclat des diamans, la magnificence du local, éblouissaient les spectateurs et les empêchaient de rien détailler.

L’opéra de Persée, joué le lendemain jeudi, avec toute la pompe et toute la magnificence du spectacle, n’a point eu de succès. On a trouvé mauvais que le sieur Joliveau se fût avisé de changer le poëme de Quinault, ou plutôt de le profaner par ses corrections sacrilèges. On sait d’ailleurs qu’il est essentiellement triste, et l’on a fort censuré le goût de ceux qui ont assisté au choix des spectacles, d’avoir préféré celui-ci, qui a un ennui général sur toutes les physionomies. On a observé que le genre de la musique ne pouvait affecter que désagréablement les oreilles de madame la Dauphine, accoutumées jusqu’à présent seulement à la vivacité et à la légèreté de la musique italienne. On n’a pas trouvé que les ballets réparassent ce qui manquait d’ailleurs, et les machines, qu’on avait extrêmement vantées, n’ont point produit l’effet merveilleux qu’on s’en promettait. En tout, l’exécution a été plus que médiocre.

20. — Il se répand dans le public une Lettre de l’Im-