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MEMOIRES SECRETS.

7. — Il paraît, très-furtivement encore, un Mémoire de M. le comte de Lauraguais sur la Compagnie Indes, dans lequel on établit les droits et les intérêts des actionnaires, en réponse aux compilations M. l’abbé Morellet. L’ouvrage est précédé d’une Épître dédicatoire au comte de Lauraguais même, où l’éditeur, après l’avoir encensé, lui avoue son larcin, et bénit l’infidélité faite à ce seigneur, en livrant au public ce Mémoire, monument durable de son zèle pour les actionnaires, et de son courage à défendre leurs droits et leurs propriétés.

8. — La Défense des actes du clergé par M. l’évêque du Puy[1] est extrêmement rare ; M. le lieutenant-genéral de police ne laisse point percer d’exemplaires de cet ouvrage, qu’il sent devoir extrêmement déplaire au Parlement. Au surplus, c’est peut-être la seule manière de faire rechercher cet ouvrage sec et froid. C’est mal à propos qu’on a dit qu’il n’y avait pas mis son nom. Il y est très-parfaitement.

10. — Il y a une grande fermentation parmi les gens de lettres à l’occasion du projet singulier de quelques enthousiastes de M. de Voltaire, qui ont proposé faire ériger une statue à ce grand poète dans la nouvelle salle de la Comédie Française, qu’il est en question de construire, sans que l’emplacement en soit encore arrêté. Ils ont cru que ce monument serait placé là mieux qu’ailleurs, puisque ce lieu est le principal théâtre de sa gloire. Ils ont toujours commandé à compte la statue au sieur Pigalle. Elle sera en marbre, et l’on prétend que le marché est conclu à dix mille francs. On veut que cela se fasse par une souscription, ouverte seu-

  1. V. 7 mars 1770. — R.