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MEMOIRES SECRETS.

Plût à Dieu qu’il en fît autant
À tous les moines de la France !


3 Avril. — M. Saurin, de l’Académie Française, ayant adressé à M. de La Harpe des vers extrêmement fades et doucereux sur sa Mélanie, un inconnu a parodié ces vers, et s’est servi des mêmes rimes pour présenter l’inverse des mêmes pensées.


Vers de M. Saurin.

Pour la sixième fois, en pleurant Mélanie,
Mon admiration se mêle à ma douleur :
Ton drame si touchant, tes vers pleins d’harmonie,
Retentissent encor dans le fond de mon cœur.
RetePoursuis ta brillante carrière :
Appelé par la gloire, on t’y verra voler.
Tu nous consoleras quelque jour de Voltaire,
Si quelqu’un toutefois peut nous en consoler.


Parodie.

J’ai lu plus d’une fois ta triste Mélanie,
Et je n’ai ressenti ni trouble ni douleur :
De tes vers si corrects la pesante harmonie
À frappé mon oreille et non touché mon cœur.
ReteEn vain tu poursuis ta carrière :
Sans ailes à la gloire on ne peut pas voler.
Nous pleurerons long-temps la perte de Voltaire,
S’il ne reste que toi pour nous en consoler.


4. — Mademoiselle Dumesnil a toujours été en possession de jouer le rôle d’Athalie : par une injustice criante, on le défère aujourd’hui à mademoiselle Clairon, qui doit reparaître à la cour dans cette tragédie où elle n’a jamais représenté. Le public est d’autant plus scan-