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MEMOIRES SECRETS.

entrer dans les vues de douceur et d’indulgence de M. l’abbé Terray, on lui en a rendu compte, mais que ce ministre avait décidé qu’il fallait le laisser à la Bastille jusqu’à ce que la partie fût finie.

28. — M. Ripert de Monclar, procureur-général du Parlement de Provence, avait fait un Mémoire pour le procureur-général de Provence, servant à établir la souveraineté du roi sur Avignon et le comtat Venaissin. Ce Mémoire était imprimé à Paris, et il en avait déjà transpiré quelques exemplaires : mais le Saint-Père, instruit de l’existence de cet écrit, a demandé, vraisemblablement, qu’il ne soit pas répandu, et M. le duc de Choiseul en a fait porter toute l’édition au Louvre. Ce ministre a tellement à cœur de donner cette satisfaction à Sa Sainteté, que M. Caperonnier, de la Bibliothèque du Roi, en ayant demandé un exemplaire pour y être déposé, M. le duc de Choiseul lui a répondu que cela ne serait point. Ceux qui ont lu cet écrit assurent que c’est un détail très-circonstancié de toutes les manœuvres des papes pour extorquer ces domaines, et qu’on y dévoile des mystères d’iniquité qu’il est de l’intérêt du Saint-Siège de laisser dans les ténèbres. Le fonds est, au surplus, soutenu de toute force d’un style plein et vigoureux ; ce qui rend le Mémoire très-précieux par lui-même, indépendamment de sa rareté.

30. — On a trouvé, ces jours derniers, affiché à la chapelle de l’abbé Grisel, à Notre-Dame[1], un ecriteau portant ces mots : « Relâche au théâtre. » Ce quolibet sacrilège a fait frémir les premières dévotes qui l’ont lu : on en a instruit le Chapitre, qui a fait arracher

  1. Il s’y présente journellement une grande affluence de monde pour savoir de ses nouvelles.